J’ai récemment lu avec intérêt un article du Journal du Geek annonçant que GPT-4.5, la dernière évolution du modèle de langage développé par OpenAI, avait passé avec succès une version modernisée du célèbre test de Turing. Ce résultat impressionnant mérite cependant une prise de recul critique, que je souhaite partager ici.
Pour rappel, le test de Turing, imaginé en 1950 par le mathématicien et cryptanalyste britannique Alan Turing, est conçu pour déterminer la capacité d’une machine à imiter la conversation humaine. Le principe est simple : si, lors d’une conversation à l’aveugle, un humain ne peut distinguer ses échanges avec une machine de ceux avec un autre humain, la machine passe le test. Turing lui-même était une figure centrale de l’informatique moderne, célèbre pour son rôle dans le décryptage des codes Enigma durant la Seconde Guerre mondiale.
Selon l’étude menée par l’Université de San Diego et relayée par l’article, GPT-4.5 a été jugé plus humain que ses interlocuteurs réels dans 73 % des cas. Impressionnant, sans doute. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?
La clé ici réside dans l’objectif même du test de Turing : il ne mesure pas une véritable intelligence ou une compréhension profonde, mais uniquement la capacité à imiter l’humain. Autrement dit, il évalue la qualité de l’imitation, pas la profondeur du raisonnement. Comme le souligne très justement l’article, « l’imitation n’est pas l’intelligence ».
C’est là que réside toute la nuance nécessaire face aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle. Certes, nous avons entre les mains des outils incroyablement performants pour générer du texte, des idées, voire même pour créer du contenu qui semble profondément humain. Mais la question essentielle n’est peut-être pas seulement « cette machine est-elle intelligente ? » mais bien plutôt : « Cet outil est-il utile ? Comment peut-il améliorer concrètement nos activités quotidiennes, professionnelles ou personnelles ? »
Ainsi, plutôt que de nous émerveiller ou de nous inquiéter de la capacité d’une IA à passer pour humaine, réfléchissons plutôt à son usage réel. Une IA, aussi sophistiquée soit-elle, reste avant tout un outil. Son efficacité et son utilité dépendront toujours de la manière dont nous, humains, choisissons de l’intégrer dans nos processus, nos réflexions, et nos décisions.
Finalement, si le succès au test de Turing est un jalon symbolique fort dans l’histoire des technologies, il ne doit pas nous détourner des vraies questions : celles qui concernent notre relation pragmatique et raisonnée à ces outils numériques toujours plus performants.
Pour approfondir, je vous invite à lire l’article complet sur le Journal du Geek : https://www.journaldugeek.com/2025/04/08/chatgpt-passe-le-test-de-turing-et-ca-ne-veut-pas-dire-grand-chose